banniere blog

Nos rires devaient s'entendre jusqu'aux confins de la Grande Ourse 

Le scorpion était tout petit et presque transparent, d'un vert délicat comme du cristal vénitien. Ses pattes marquaient la surface du sable en de minuscules creux arrondis de part et d'autre d'un sillon médian creusé par sa queue, qu'il laissait mollement traîner derrière lui.

C’était l’aube du 2ème jour de notre trek dans le désert de Mhamid, à 300 km au sud-est de Marrakech. Nous nous sentions progressivement intégrés dans cet environnement si particulier pour nous. Citadins habitués au bruit des avions, à leur trainée de condensation striant le bleu du ciel, nous nous trouvions soudain dans un monde de silence et de douceur. Ici, il n'y avait plus que le temps ralenti, le doux frottement du sable sous nos pieds et le soleil comme compagnon de marche.

Les chameliers Mustapha et Ahmed étaient déjà à l'œuvre, préparant les dromadaires pour une nouvelle journée à transporter nos bagages. Tout le matériel pour les camps ainsi que la nourriture et de l'eau pour 4 jours au moins allaient être chargés sur les bêtes. Ali le cuisinier, aidé de notre guide Saïd démontait les tentes. Et nous? On buvait le thé sucré à la menthe pardi!

Les quatre hommes du désert que nous allions découvrir au cours de nos 7 jours dans le désert, nous avaient déjà conquis par leur gentillesse, leurs sourires et leur compétence. Une marque de fabrique pour les équipes de Zafrani Trek, une agence marocaine soucieuse de collaborer avec les gens du cru, dirigée par notre chère amie Sissi.

Le jour, notre caravane de 8 humains et 3 "droms" voguait plein Ouest, d'Erg en Reg, longeant des oueds asséchés, traversant des plaines d'argile grise et suivant les crêtes des dunes, comme des insectes sur les plis d'une draperie fauve tombée du ciel africain.

 

Le soir, après la longue marche et les midis ombragés, après le Tajin succulent et le « pain de sable » cuit à même le sol sous des braises rougeoyantes, nous passions de longues heures à écouter les chants berbères, à boire -toujours!- du thé à la menthe et à jouer au UNO avec nos guides, éclairés par un grand feu sous les étoiles immobiles. Nos rires devaient s'entendre jusqu'aux confins de la Grande Ourse ou au moins jusque dans les ailes déployées du Cygne qui survolait notre campement chaque soir, tel un esprit bienveillant dans la Voie Lactée.

Le 7ème jour, au sortir des dunes, Sissi nous retrouvait avec les jeeps et son sourire. Une épopée inoubliable se terminait pour nous, avec des souvenirs merveilleux et des rencontres humaines précieuses. Merci Sissi, merci Saïd, Ali, Mustapha, Ahmed, et merci aux « droms »! Vous nous avez offert plus qu'un simple voyage: ce fut une aventure unique, faite de grands espaces, de découvertes exceptionnelles et de chaleur humaine.

Matthew, Mathilde, Justine, Eloïse                                      Décembre 2011